Le nom Orient-Express subsiste dans les offres de plusieurs compagnies, mais le train d’origine a cessé de circuler en 2009. Cette appellation continue pourtant d’alimenter des réservations sur des itinéraires haut de gamme, parfois bien éloignés du trajet initial entre Paris et Istanbul. Si certains wagons historiques ont été restaurés et remis en service sur des parcours touristiques, d’autres circulent sous des marques concurrentes, créant une confusion persistante sur la nature même de l’expérience proposée.
Des trains de nuit relient encore de grandes capitales européennes, mais l’usage du terme « Orient-Express » répond aujourd’hui davantage à une logique commerciale qu’à une réalité ferroviaire uniforme.
L’Orient-Express, entre mythe ferroviaire et réalité contemporaine
Depuis 1883, date de sa création par Georges Nagelmackers et la Compagnie Internationale des Wagons-Lits, le train Orient-Express a imposé une nouvelle idée du voyage : traverser l’Europe en alliant élégance et audace, tout en flattant un certain goût pour l’aventure. Dès le premier départ depuis Strasbourg vers Constantinople, le train s’est forgé une réputation de raffinement, un salon roulant où se sont croisés diplomates, artistes et têtes couronnées. De Paris à Vienne, de Budapest à Istanbul, l’Orient-Express a rapidement tissé sa légende, inspirant des générations d’écrivains et de cinéastes. Impossible de ne pas penser à Agatha Christie qui, dans Le Crime de l’Orient-Express, a fixé à jamais l’image d’un train mystérieux, ni à James Bond qui y mène l’enquête dans Bons Baisers de Russie.
Si le service d’origine a pris fin en 2009, la marque « Orient-Express » continue de voyager. D’un côté, on trouve le Venice Simplon-Orient-Express, fleuron de la société Belmond, qui propose de revivre l’expérience grâce à des voitures restaurées dans un esprit Art déco. Ce train relie Paris à Venise, Berlin ou encore les capitales d’Europe centrale, et attire une clientèle internationale en quête d’exception. De l’autre, le groupe Accor, qui a racheté la marque à la SNCF, prépare une nouvelle génération de trains prévue pour 2027, épaulée par le géant LVMH.
La force du mythe Orient-Express tient à la fois à ses passagers illustres, Coco Chanel, Albert Einstein, et à son ancrage dans la culture populaire. Plus qu’un moyen de transport, c’est un décor qui continue d’alimenter les rêves, une parenthèse hors du temps. Aujourd’hui, restaurer ses voitures, remettre en service ses itinéraires, c’est tenter de faire renaître un art de vivre, et rappeler qu’ici, le voyage compte autant que la destination.
Quels sont les itinéraires historiques et actuels de l’Orient-Express ?
Le trajet originel de l’Orient-Express, inauguré à la fin du XIXe siècle, reliait Paris à Constantinople (Istanbul) en passant par Strasbourg, Vienne, Budapest et Bucarest. Cette diagonale traversait alors une Europe traversée de frontières mouvantes, où chaque gare, Paris-Est, Vienne, Budapest-Keleti, évoquait l’aventure et la promesse de l’inconnu.
Au fil des années, l’itinéraire s’est transformé. Le fameux Paris-Vienne-Budapest-Bucarest-Istanbul a longtemps constitué le cœur du mythe, mais d’autres lignes, comme le Paris-Berlin ou encore l’Arlberg Orient-Express vers la Suisse ou l’Autriche, ont enrichi la carte européenne. Après 1918, la carte des escales change, mais l’envie de relier l’Occident à l’Orient subsiste. Munich, Sofia, ou encore Prague s’invitent parfois sur la route, dessinant d’autres itinéraires tout aussi marquants.
De nos jours, le Venice Simplon-Orient-Express (Belmond) perpétue cette tradition. Les trajets ne suivent plus un unique parcours, mais proposent plusieurs variantes, selon les saisons et les envies : Paris-Venise via les Alpes, Paris-Berlin pour un détour vers l’histoire, Paris-Istanbul pour les plus nostalgiques. D’autres circuits, parfois inédits, relient Londres, Prague ou Vienne. Voici les itinéraires les plus proposés :
- Paris Venise : l’itinéraire le plus fréquent, traversant les Alpes jusqu’à Vérone.
- Paris Berlin : cap sur la Mittel-Europa, pour une immersion dans la culture allemande.
- Paris Istanbul : le parcours emblématique, organisé lors de voyages exceptionnels.
- Venise Londres, Paris Prague, Paris Vienne : d’autres possibilités pour parcourir l’Europe en train de légende.
Ce panel d’itinéraires, entre respect du tracé historique et nouveautés, affirme la vitalité du mythe Orient-Express. Le train continue de relier, symboliquement et réellement, les grandes villes européennes, entre souvenirs d’antan et envies d’ailleurs.
À quoi ressemble un voyage à bord : confort, services et ambiance
À bord du Venice Simplon-Orient-Express, on retrouve ce que peu de trains savent offrir : le calme feutré, la lumière douce, les boiseries précieuses et le faste discret des années 1930. Les cabines, rénovées sous la direction de Maxime d’Angeac, marient détails vintage et commodités actuelles. Trois catégories se distinguent : la cabine standard, la suite de luxe et la grande suite. Chacune décline sa propre atmosphère, avec rideaux brodés, literie haut de gamme et le soin attentif d’un majordome.
Le service à bord repousse les standards habituels : pension complète, concierge dédié, menus signés Jean Imbert ou Mory Sacko pour les dîners, déjeuner raffiné en voiture-restaurant, cocktails servis dans les salons. Le soir venu, la voiture piano s’anime, et les discussions se prolongent autour d’un whisky ou d’une coupe de champagne. Cette expérience séduit autant par le confort que par le sens du détail.
Voici une idée des tarifs pratiqués pour chaque catégorie de cabine :
- Cabine standard : de 3 370 € à 7 000 € selon la saison et le trajet
- Suite de luxe : à partir de 6 000 €
- Grande suite : 10 000 € et plus
La réservation se réalise bien en amont, via Belmond, Accor ou certains sites spécialisés. Le prix englobe repas, excursions lors des haltes, et de nombreuses options de personnalisation. Certains voyages incluent des soirées privées ou des nuits dans des hôtels emblématiques. Ici, le train ne sert pas seulement à relier deux villes : il devient un écrin, un espace-temps où luxe et art de vivre ferroviaire reprennent tout leur sens.
Trains de luxe en Europe : quelles alternatives pour vivre l’expérience ?
Le Venice Simplon-Orient-Express n’est pas l’unique option pour qui cherche à retrouver la magie des grands voyages sur rail. Plusieurs compagnies travaillent à remettre en lumière ce patrimoine ferroviaire, chacune avec sa propre vision. L’Italie, guidée par Accor, s’apprête à lancer le Dolce Vita-Orient Express, qui traversera la péninsule du Piémont à la Sicile, mêlant design italien et tradition des Wagons-Lits. Les rames sont en cours de restauration, promettant une atmosphère à la fois contemporaine et inspirée de l’âge d’or du rail.
Certains trains historiques subsistent ou laissent leur empreinte. Le Train Bleu, icône de la Belle Époque, reliait autrefois Paris à la Côte d’Azur ; aujourd’hui, seule la voiture-restaurant du même nom, à la gare de Lyon, rappelle ce faste disparu. D’autres compagnies, comme l’ÖBB en Autriche ou des opérateurs privés en Allemagne et en Suisse, proposent également des trajets haut de gamme, que ce soit en train de nuit ou sur des lignes panoramiques à travers les Alpes.
Voici un aperçu des alternatives disponibles pour vivre un voyage ferroviaire d’exception :
- Venice Simplon-Orient-Express : circuits entre Paris, Venise, Vienne, Prague, Berlin ou Istanbul.
- Dolce Vita-Orient Express : ouverture annoncée en Italie, avec plusieurs itinéraires à travers la péninsule.
- Trains suisses, autrichiens et allemands : confort moderne, itinéraires de prestige et panoramas alpins.
Cette diversité de l’offre répond à une envie croissante : celle de renouer avec un certain art du voyage, où l’on prend le temps, où le décor change à chaque gare, où chaque wagon est une invitation à la découverte. Le train de luxe, loin d’être un simple vestige, retrouve sa place en Europe, entre héritage et innovation, entre désir d’authenticité et goût du spectaculaire.
Ceux qui embarquent aujourd’hui sur ces trains d’exception ne cherchent pas seulement un déplacement, mais une parenthèse, un récit à vivre, et, peut-être, la sensation de renouer avec l’esprit des grands voyageurs d’hier.
