Un bloc de granite de plusieurs millions d’années, baptisé « Lion de Roccapina », attire chaque année des milliers de visiteurs sans que la moindre légende ne soit formellement attestée dans les sources historiques. Pourtant, aucune signalisation officielle n’indique son importance sur les routes de l’extrême sud de la Corse.
La plage en contrebas figure parmi les lieux les moins aménagés du littoral insulaire, malgré une fréquentation estivale intense et la présence d’un sentier de randonnée classé. Les services touristiques locaux misent sur cette singularité pour renforcer l’attrait du site auprès des curieux et des marcheurs.
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Roccapina et son lion de pierre : entre mythe et réalité
À mesure que l’on serpente sur la route reliant Sartène à Bonifacio, une forme se détache, brute et imposante : le lion de Roccapina. Sculpté par les éléments, ce bloc de roc n’a laissé aucune trace écrite d’un récit ancien, mais il n’a pas eu besoin de légende officielle pour s’ancrer dans la mémoire collective du Sartenais Valinco Taravo. Depuis des générations, sa silhouette nourrit les histoires, suggère les fables et impose sa présence, immobile et souveraine, sur la crête.
Tout autour, le maquis résiste, préservé de l’urbanisation par le conservatoire du littoral. Ici, le territoire reste farouchement protégé : faune et flore méditerranéennes s’y maintiennent, à l’abri des appétits immobiliers qui grignotent ailleurs les côtes de l’île. On devine la volonté de la commune de Sartène et des instances locales : préserver coûte que coûte ce morceau de Corse authentique, là où la tour génoise de Roccapina veille encore sur le rivage, rappelant les menaces passées.
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Pour comprendre cette terre, rien ne vaut un détour par la Casa di Roccapina. Ce centre d’interprétation dévoile la géologie, l’histoire, le patrimoine de ce site singulier. On y trouve des expositions, des archives, et surtout une vue à couper le souffle sur le lion de pierre, véritable emblème de la Corse sauvage. Des sentiers balisés invitent à s’aventurer au plus près de la roche, offrant à chaque détour des panoramas qui rivalisent avec les plus belles cartes postales de Méditerranée.
Pourquoi cette plage sauvage séduit les amoureux de la Corse
La plage de Roccapina ne ressemble à aucune autre. Ici, le décor tranche avec les plages surpeuplées du continent : une étroite langue de sable blanc, ourlée d’eaux limpides, abritée par d’imposants blocs de granit et une végétation coriace. Pas de bar, pas de transats alignés : le silence règne, seulement troublé par le ressac et le vent. Cette absence d’aménagement, farouchement défendue par le conservatoire du littoral, fait toute la rareté de ce lieu.
Ce n’est pas un hasard si botanistes, ornithologues et amateurs de nature s’y donnent rendez-vous. Les arrières-dunes abritent cistes, lentisques, immortelles. Dans les airs, le balbuzard pêcheur survole la baie, tandis qu’à l’abri des regards, une faune marine discrète évolue dans les eaux peu profondes. Ceux qui privilégient un tourisme durable apprécient l’équilibre subtil : entretien rigoureux, surveillance discrète, aucune concession à la facilité.
La plage de sable attire les passionnés d’authenticité, ceux qui préfèrent la simplicité d’un lieu préservé à la surenchère des équipements. Accéder à Roccapina demande parfois de l’endurance : la route est sinueuse, l’accès peu aisé, ce qui limite naturellement la foule. Ceux qui en font l’expérience n’en reviennent pas indemnes : ici, le temps semble suspendu, la Corse révèle un visage brut, sans fard, fidèle à l’esprit insulaire. Les témoignages abondent : chaque voyage à Roccapina marque une rupture, un retour au cœur du maquis corse, loin des clichés.
Quels sentiers et points de vue ne pas manquer autour du lion ?
Ceux qui aiment randonner trouveront autour du lion de Roccapina un terrain de jeu fascinant. Le réseau de sentiers sillonne les collines, offrant à chaque détour une nouvelle perspective sur les rivages et les reliefs. Depuis le parking, un sentier caillouteux grimpe vers la célèbre formation rocheuse : les premiers mètres, bordés de maquis, laissent déjà entrevoir la mer, les plages, le relief tourmenté de la région. Ici, pas de file indienne, le calme règne.
Pour ceux qui veulent allier marche et découverte, le sentier du patrimoine conduit en moins d’une heure jusqu’à la tour génoise de Roccapina, témoin du XVIe siècle. Là-haut, le panorama sur le lion de pierre s’impose, encadré par la mer d’un bleu profond et les ombres du maquis. Les jours de ciel dégagé, on aperçoit jusqu’aux rivages du Sartenais-Valinco-Taravo. Cet itinéraire, bien tracé mais encore préservé de la foule, traverse un espace naturel protégé sous la vigilance du conservatoire du littoral.
Pour les marcheurs aguerris, un chemin moins fréquenté fait le tour du sommet et descend vers la plage sauvage, révélant des points de vue inédits sur la crique et les falaises. L’alternance de panoramas spectaculaires et de passages ombragés sous les chênes verts évite toute monotonie. Un arrêt à la Casa di Roccapina s’impose pour mieux saisir la richesse du site et son patrimoine. Au fil de la marche, la nature corse se dévoile dans toute sa complexité : granit, maquis, embruns, rien ne manque au tableau.
Escapades et découvertes : explorer la région au-delà de Roccapina
Au-delà du rocher et de la plage, la commune de Sartène déploie son caractère, farouche et authentique. Installée sur son promontoire, celle qu’on surnomme la plus corse des villes corses conserve ses ruelles pavées, ses maisons de granit aux volets patinés, ses places ombragées. Les passionnés de patrimoine y croisent églises, ruelles médiévales et témoignages préhistoriques. Le marché, lui, déborde de saveurs : brocciu frais, charcuterie artisanale, miel, vins du Sartenais.
En poursuivant la route, le littoral déroule ses contrastes : vers Bonifacio, ses falaises blanches et sa citadelle, puis Porto-Vecchio et ses golfes turquoise. L’aéroport de Figari rend ces paysages accessibles à ceux qui veulent s’imprégner de la diversité corse au fil d’un voyage itinérant. Les villages jalonnent la route comme des sentinelles, surplombant vignes, oliveraies, châtaigneraies.
Quelques sites majeurs méritent qu’on s’y arrête :
- Bonifacio : la citadelle accrochée à la falaise, ses ruelles enchevêtrées et la vue saisissante sur les Bouches et la Sardaigne
- Le lac de l’Ospedale : fraîcheur des forêts de pins, balades au fil de l’eau, point de départ privilégié vers les calanques de Piana
Sur cette portion de route, la Corse se livre sans filtre, entre la rudesse du granit et la générosité des terroirs. Une halte, une discussion avec un artisan, une dégustation improvisée : chaque détour révèle une facette nouvelle de l’île. Ici, le voyage ne s’arrête jamais vraiment : il recommence à chaque virage, là où la montagne tutoie la mer, où le minéral dialogue avec le végétal.